Une insécurité grandissante
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Hubert de Meuse
5/12/20256 min temps de lecture


Les tragiques « faits divers » sont devenus légion dans notre pauvre France. On pense immédiatement aux plus choquants d’entre eux, aux plus médiatisés comme l’assassinat de cette pauvre Lola, celui de Thomas à Crépol ou celui survenu à Paris :
l’infâme massacre de Philippine. On pense aux prétendues émeutes, en fait des pillages en bandes organisées.
On pense aux règlements de comptes entre bandes rivales, aux narcotrafiquants, à la mexicanisation de notre société pour reprendre l’expression du ministre de l’intérieur. Il ne se passe une journée qui ne témoigne de façon plus ou moins grave, de l’insécurité à l’œuvre sur notre peuple, où aucune catégorie sociale n’est plus épargnée même si sa victime principale reste la classe moyenne.
Voilà quelle fut la vive inquiétude qui a été portée à notre connaissance le samedi 15 mars à Aubigny-sur-Nère, lors de l’une des rencontres citoyennes de notre think tank Héraclès. Leurs habitants ont avoué leur effroi face à l’augmentation des violences aux personnes, des meurtres et agressions, mais aussi des cambriolages commis en région rurale, contre nos agriculteurs qui se font piller leur matériel agricole, leur fioul, leurs récoltes sur pied.
Et les incivilités permanentes, l’agressivité, la malveillance : dans nombre de ses villages, il ne fait plus bon vivre en notre douce France. Il nous a été demandé d’interroger ce phénomène grandissant, d’en analyser la réalité, d’en désigner la cause, d’en esquisser les contours, en bref, d’en comprendre la portée. Car enfin, il n’est pas si loin le temps de nos parents, de nos grands -parents qui, en leur jeune âge, sortaient sans s’inquiéter sur leur sécurité, sans prendre garde à leurs effets personnels ni même attacher leur vélo. Est-ce une fatalité pour nos démocraties occidentales d’y voir la sécurité se dégrader sans cesse ?
il fut un temps pas si lointain où on ne fermait pas les portes d’entrée à clef, dans nos petites agglomérations ; où l’école était un lieu d’ordre et de paix. Même les plus démunis d’entre nous pouvaient espérer une destinée pour leurs enfants, aucune insécurité scolaire ou autre phénomène de harcèlement ne pouvant hypothéquer leur avenir.
Nous sommes loin de cet ancien état de choses, déplorant quotidiennement en France trois assassinats, trois-cent-trente vols avec armes, six cents cambriolages, sept-cents vols de voitures et plus de mille victimes d’escroqueries. Le taux d’homicides a grimpé de 28% entre 2016 et 2024, celui des agressions sexuelles de 8% (sachant que seulement 3% des victimes portent plainte (données publiées dans une note deconjoncture du Service Statistique Ministériel de la Sécurité Intérieure (SSMSI). Ce qui est particulièrement troublant c’est la part des très jeunes dans ces chiffres : entre les années 1970 et maintenant, la proportion des mineurs délinquants a été multipliée par 2.5, allant de 80 000 à 200 000. Pour en finir avec ces chiffres déprimants, comparons-les selon les époques :
d’après les statistiques de la Direction Nationale de la Police Judiciaire, le taux de criminalité était en France de 14,06 ‰ en 1949 à 54,65 ‰ en 2012. Voilà dans les grandes lignes, le triste tableau. Ce n’est pourtant pas une fatalité. Car certains pays ont réussi à endiguer l’insécurité (le Salvador avec la méthode radicale du président Bukele) de façon plus ou moins brutale. Pour autant il importe à ce stade d’identifier les causes de cette insécurité généralisée et qui peut hélas encore s’empirer. Elles sont multiples. On peut pointer en premier lieu l’immigration qui, il faut le reconnaître a toujours été, comme tout brassage, un facteur d’insécurité et de délinquance. Les immigrations italiennes et polonaises du début du siècle dernier ont elles aussi en leur temps engendré de l’insécurité. La différence résidait à l’époque dans la réponse judiciaire, qui était implacable :
à la moindre infraction, au moindre délit, l’auteur était expulsé après avoir purgé sa peine. C’est donc à la fois dans le cadre législatif etjudiciaire qu’il faut chercher des causes profondes. Le législatif d’abord, avec des lois de plus en plus laxistes que les gouvernements de gauche et de droite ont sans cesse rendues plus permissives. La chose fut et reste aggravée par la mise enconformité de nos lois domestiques avec des réglementations européennes (on pense immédiatement à la suppression de la circonstance aggravante du statut de clandestin dans des affaires pénales). L’institution judiciaire ensuite qui manifeste de plus en plus ouvertement sa prégnance idéologique, elle qui est censée être aveugle et juger seulement en droit. Cette dernière est vérolée par des « juges rouges » qui considèrent les délinquants comme les véritables victimes de la société. Songeons à Jean-Pierre Escarfail (père d’une victime de Guy Georges) et au général Schmitt, qui, après l’assassinat de sa fille Anne-Lorraine (victime d’une tentative de viol), s’étaientengagés dans la lutte contre la récidive, et avaient vu leurs photos épinglées au « mur des cons », dans le local du Syndicat de la Magistrature (jamais condamné).
L’impunité des délinquants est devenue généralisée sous l’effet des lois pénales laxistes et des interprétations de plus en plus idéologiques des magistrats qui, rappelons-le, se croient autorisés à imposer leur propre interprétation de la. Par ailleurs, la posture politique de ces juges ne fait plus l’objet d’aucune sanction depuis l’abrogation du crime de forfaiture dans les années quatre-vingt-dix. En clair, ils ont carte blanche.
Enfin il y a l’infrastructure, le manque de places de prison : malgré les promesses du Pouvoir sur ce sujet, rien n’évolue et ce sont vingt mille peines qui chaque année, ne sont pas exécutées en France faute de places disponibles. Le peuple français est livré en pâture, sans même avoir le droit de se défendre comme le montre la condamnation à cinq ans de prison de René Galinier, âgé de soixante-dix-huit ans pour avoir tiré sur des cambrioleuses qui s’étaient introduites en pleine nuit dans sa maison.
Au-delà des faits et des causes, on peut maintenant s’intéresser aux enjeux liés à ce phénomène. En clair, qu’est-ce qui se joue vraiment dans la perte de notre sécurité ? dans le tome 1 de l’Esprit des lois, Montesquieu écrivait ces mots que nous souhaitons restituer dans leur intégralité :
« La liberté politique dans un citoyen est cette tranquillité d’esprit qui provient de l’opinion que chacun a de sa sûreté ; et pour qu’on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit tel qu’un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen. » Pour précision, le mot « sûreté » a un double sens, dans son premier sens il s’agit de la sécurité individuelle ou collective strictosensu, en langage juridique il s’agit de l’assurance de ne pas être accusé, arrêté ou détenu hors des cadres législatifs c’est-à-dire de façon arbitraire. La polysémie du mot « sûreté » est particulièrement intéressante, dans la vie quotidienne, intime d’un côté, face à l’autorité légitime de l’autre. Mais lorsque cette même autorité se retrouve vaine, comme on a pu le voir lors du paragraphe précédent, et que l’on assiste à l’émergence de règles parallèles, de lois de la rue, du droit du plus fort, lemot sûreté reprend un sens unique.
Ce qui nous permet de comprendre dans la phrase de Montesquieu que la liberté, loin d’avoir une existence physique peut se définir ainsi : la liberté est le sentiment de sécurité vécu. Cette définition peut sembler contestable car en Arabie Saoudite comme au Japon, le sentiment de sécurité est très élevé, pour autant les libertés individuelles et politiques y sont incomparables. Néanmoins l’absence d’inquiétude voire la tranquillité d’esprit restitue dans les deux pays, le même sentiment de liberté « au quotidien ».
L’idée de Montesquieu qui lui permet de dépasser la tension intrinsèque entre liberté et sécurité est que la finalité des lois est la sûreté du citoyen, et l’appréciation positive qu’il en a est très précisément sa liberté.
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