L’isolement numérique des seniors en zone rurale : une fracture sociale à réparer

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Alors que la dématérialisation des services publics s’accélère, une part significative de la population âgée, notamment en zone rurale, se retrouve exclue des démarches administratives essentielles. Cette fracture numérique engendre un sentiment d’abandon et une vulnérabilité accrue, remettant en question les principes d’égalité et d’accès aux droits.

Une exclusion numérique persistante

Selon une étude menée par l’association « Les Petits Frères des Pauvres », 27 % des personnes âgées de 60 ans et plus n’utilisent jamais Internet. Ce taux grimpe à 59 % chez les plus de 85 ans. Les raisons invoquées incluent la complexité perçue des outils numériques, le manque d’intérêt, le coût des équipements et des abonnements, ainsi que la crainte du piratage des données personnelles.

Cette exclusion numérique a des conséquences concrètes : près d’un quart des seniors déclarent rencontrer des difficultés pour effectuer leurs démarches administratives, et 15 % abandonnent ces démarches en raison des obstacles rencontrés.

Des dispositifs alternatifs insuffisants

Face à cette situation, le gouvernement a mis en place des dispositifs tels que les Maisons de Services au Public (devenues Maisons France Services) pour offrir un accompagnement de proximité. Cependant, ces structures restent insuffisamment réparties sur le territoire, notamment dans les zones rurales, et ne répondent pas toujours aux besoins spécifiques des personnes âgées.

Les formations au numérique proposées sont souvent standardisées et ne prennent pas en compte les besoins individuels des seniors. Selon l’étude des « Petits Frères des Pauvres », seulement 35 % des personnes âgées de 60 ans et plus ont reçu une aide ou une formation aux outils numériques, et parmi les non-internautes, seules 11 % souhaitent bénéficier d’un accompagnement à l’apprentissage.

Les conséquences sont d’autant plus dramatiques, les seniors sont une population sujette à l’isolement, ceci est d’autant plus le cas s’agissant des zones rurales. 10% de cette populationvie sous le seuil de pauvreté, il apparaît inconcevable de laisser nos ainés à l’écart de la société, qui représente 20% de la population nationale en France.

Un cadre législatif en évolution

Le législateur a introduit des dispositions pour garantir l’accès aux services publics autrement que par voie dématérialisée. Si un projet de loi vise à faciliter l’accès aux démarches administratives, notamment pour les personnes habitant en zones rurales ou isolées, en assurant la préservation de plusieurs modalités d’accès aux services publics.

Ces mesures restent à concrétiser sur le terrain, et leur efficacité dépendra de leur mise en œuvre effective et de leur adaptation aux réalités locales. Ceci dans un sentiment d’abandon de l’état des collectivités territoriales soumises à de grandes restrictions budgétaires.

Appel à des solutions inclusives et humaines

Pour remédier à cette fracture numérique, il est essentiel de développer des alternatives efficaces et accessibles à tous. Parmi les pistes envisageables :

• Renforcer le maillage territorial des structures d’accompagnement, en particulier dans les zones rurales, pour offrir un soutien de proximité aux seniors.

• Proposer des formations personnalisées et adaptées aux besoins individuels des personnes âgées, en tenant compte de leurs compétences, de leurs intérêts et de leurs appréhensions.

• Maintenir des guichets physiques pour les démarches administratives, afin de garantir un accès aux droits pour ceux qui ne peuvent ou ne souhaitent pas utiliser les outils numériques.

• Favoriser l’inclusion numérique en rendant les équipements et les connexions Internet plus abordables, notamment par des tarifs sociaux ou des programmes de reconditionnement du matériel informatique.

En somme, il est impératif de repenser la transition numérique en plaçant l’humain au cœur des dispositifs, afin de ne laisser personne de côté et de garantir une société véritablement inclusive et solidaire.